Focus géographique :
le Liban

Affiche de la rétrospective Liban

© Brahim Samaha

L’affiche du focus libanais est signée par l’artiste libanais Brahim Samaha, qui est peintre et graveur. Il est également le fondateur du Cabriolet Film Festival qui se tient à Beyrouth depuis une quinzaine d’années.
Il sera présent sur le festival et participera à l’exposition Anatomie du labo, qui se tiendra au Lieu-dit.

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Films
réalisés entre 2004 et 2024
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Fictions
dont 1 animée
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Films
inédits au festival
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Documentaires
dont 1 expérimental et 3 sonores

MAABAR*

Une traversée dans le jeune cinéma libanais

Bienvenue au pays du miel et de l’encens, dont l’histoire agitée de tragiques soubresauts est difficile à résumer ici. Le Liban a vécu la thawra (révolution) en 2019, la pandémie de COVID-19, l’explosion du port de Beyrouth en août 2020 et une nouvelle agression de l’armée israélienne en 2024. Les lieux de production ont été balayés, la livre libanaise a perdu 95 % de sa valeur et 82 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Face à cette situation, les artistes demeurent et se réinventent en dépit de tous ces obstacles. Pour un pays d’une superficie un peu inférieure à celle de deux départements français de taille moyenne (10 452 km2), le septième art libanais a pris dans les dernières années une ampleur et une portée étonnantes. Le nombre de réalisateur·rice·s va croissant, chacun·e pétri·e de ses propres expériences et références. En résulte un mélange de genres et de styles issus d’un pays cosmopolite où se brassent cultures et idées, où les coproductions internationales et l’identité multiple des réalisateur·rice·s, souvent ballotté·e·s entre deux pays, sont autant de facteurs qui favorisent la créativité.

Trois programmes du focus montrent cette vitalité, proposant de nouvelles idées pour faire du cinéma, partager des films et surtout retrouver des espaces perdus.

Quasi exclusivement tournées sur la dernière décennie, nombre de ces propositions sont portées par des femmes. Par exemple, Dania Bdeir et son film Warsha avaient bouleversé le festival en 2021. Également primé à Sundance, son court métrage magnifie les circonvolutions de ce migrant syrien au-dessus de Beyrouth. Suspendu à une immense grue, le voilà enfin libre.

Dans des conditions précaires, la jeune génération de cinéastes qui ne se résout pas à l’exil se replie sur des techniques peu coûteuses, telles que la vidéo. C’est ainsi que toute une culture d’art vidéo, à la croisée des chemins entre cinéma expérimental et documentaire, s’est instaurée au Liban. Des artistes comme Waël Noureddine explorent cette voie. Avec Ça sera beau (From Beirut with Love), il met en œuvre montage cinétique, collage calligraphique, mosaïque musicale, pour servir sa conception héroïque de l’image : « Une caméra est dangereuse, lorsqu’on fait des images, on les fait « pour l’éternité », c’est une responsabilité que de faire des images ».  Avec Pasolini au cœur et F. J. Ossang pour la bande-son, le film irradie et résonne douloureusement avec l’actualité.

Inédit au festival, Les Chenilles des sœurs Michelle et Noel Keserwany, a été récompensé par l’Ours d’or au festival de Berlin en 2023. Inspirées par les conditions difficiles du travail des femmes dans les soieries françaises du XIXe siècle au Levant, et notamment au Mont-Liban, les Keserwany créent une histoire contemporaine qui aborde également le sujet de l’émigration.

Ely Dagher a reçu la Palme d’Or à Cannes en 2015 avec son court métrage Waves ’98. En 1998, la capitale libanaise est pleine d’espoir. Huit années après la guerre civile, elle tente de se reconstruire avec ses habitant·e·s et sa jeunesse en colmatant les blessures et les fissures. Mais une décennie plus tard, l’optimisme semble être retombé, les problèmes urbains se multiplient, la mauvaise santé des bâtiments et l’instabilité constante rongent Beyrouth. C’est dans ce contexte que le cinéaste Ely Dagher a grandi, oscillant entre l’irrémédiable lassitude et l’amour profond qu’il porte à sa ville. Inédit au festival, son film adopte une technique d’animation particulièrement belle, mêlant dessin pur et photographie. Le réalisateur offre un hommage poignant à sa ville, à la fois tant haïe et pourtant tant aimée.

Les vies de Maki, une Éthiopienne, travailleuse immigrée et suicidaire, et Zorro, une actrice au chômage, se croisent lorsqu’une opération de trafic de diamants à Beyrouth déraille. Avec un casting explosif et une mise en scène nerveuse, Maki & Zorro est un film d’action qui surprend. La malice et le rythme que lui insuffle Rami Kodeih, son réalisateur, vont scotcher les spectateur·rice·s à leur siège.

Tout comme avec White Noise, on reste proche du film de genre : Said effectue sa première nuit d’agent de sécurité sous le grand pont au centre de Beyrouth. Entre les caïds du coin et un vagabond suicidaire, équipé seulement d’un talkie-walkie et d’une lampe torche, il essaie de prendre son travail au sérieux. Au lever du soleil, la ville l’aura avalé. Coréalisé par Lucie La Chimia Ahmad Ghossein, ce film a eu une belle carrière en festivals.

Un quatrième programme est entièrement consacré à un ami du festival : Wissam Charaf, sélectionné et primé à de multiples reprises à Clermont, il a été membre du jury national en 2020. Son film, Et si le soleil plongeait dans l’océan des nues, a reçu le prix spécial du jury lors de la dernière édition du festival. Autodidacte, Wissam vient du journalisme, il a l’habitude de tourner vite ; ses courts métrages dressent un état des lieux du Liban empli de poésie et ourlé d’un humour absurde et minimaliste tendance Kaurismäki.

Le cinéma libanais a le vent en poupe. Mais la grande histoire ne semble pas vouloir le laisser souffler un peu… 

*Le Passage

Les programmes hors Panorama en lien avec le Liban

Grâce à Oiseaux-Tempête, nous avons eu la chance de faire la connaissance dans Khamsin (Grégoire Orio & Grégoire Couvert, programme Décibels ! Clermont-Fd 2020) de militants et artistes qui ont décidé que la création et l’action devaient l’emporter et ouvrir un cycle plus heureux pour le pays. Cette musique si importante, on vous invite à la découvrir dans un programme Décibels ! entièrement dévolu au Liban. Nous y trouverons Nadim Tabet qui réunit dans Enfin la nuit les deux figures tutélaires de la scène musicale libanaise : Fadi Tabbal et Charbel Haber. Le film rend hommage au club mythique AHM, les quatre morceaux d’Enfin la nuit accompagnent les images d’une jeunesse beyrouthine qui dansait encore, un mois seulement avant les explosions, dans l’euphorie de nuits de fêtes.

Joyaux brut sublimé par les images de Vincent Moon, Nâr déploie ses volutes aux premières lueurs du jour tout en haut de l’immeuble Mkaless, cœur palpitant de la musique indépendante beyrouthine. La réalisatrice Jessy Mousallem filme des ouvriers agricoles dans la vallée de la plaine de la Bekaa. Son Heart of Sky à une familiarité avec les clips vidéo de The Blaze, il mêle l’électro de Damian Lazarus & The Ancient Moon à une réalisation virtuose.

Un programme Collections est consacré à l’autrice la plus importante de la période : Jocelyne Saab. Issue de la bourgeoisie chrétienne beyrouthine, Jocelyne Saab n’en fut pas moins une militante de gauche acharnée. Sa trilogie de Beyrouthraconte « sa » guerre dans des documentaires déchirants. Des fragments du passé remontent à la surface grâce à la puissance créatrice. C’est du côté des femmes, comme souvent, que la mémoire peut redevenir un outil d’analyse et une étape bienfaitrice dans une acceptation de l’impossible résilience.

Un second programme Collection, Letters, capture formidablement le Liban tumultueux de 2024, sur fond de guerre à Gaza. Le film réunit 18 réalisateur·rice·s qui transforment des récits personnels en réflexions cinématographiques, tissant une mosaïque de résilience et de créativité au milieu des bouleversements régionaux et mondiaux. Il se déploie comme un projet cinématographique collaboratif initié par Josef Khallouf rassemblant tous ces cinéastes libanais·es aux horizons divers. L’initiative commence avec chaque participant·e rédigeant une lettre en réponse à la question : « Que ressentez-vous en ce moment ? » 

Activités et événements

Entrée libre et gratuite
03/02 > 16h00 - 18h00
Table ronde « La jeune garde du cinéma libanais, entre création et engagement »
LibanRencontre
Ou plutôt l’art de reconstruire morceau par morceau, comme l’ont si bien prouvé les trois dernières décennies de productions indépendantes libanaises.
IADT
Clermont-Ferrand
Le cinéaste Wissam Charaf devant le photocall aux couleurs du festival lors de l'édition 2020
Entrée libre et gratuite
04/02 > 16h00 - 18h00
Masterclass de Wissam Charaf
LibanRencontre
Wissam Charaf est un habitué du festival. Il a été récompensé à plusieurs reprises, notamment lors du dernier festival où son film Et si le soleil plongeait dans l’océan des nues a reçu le prix spécial du jury, il a également été membre du jury en 2020. Un programme entier lui sera consacré dans le focus libanais et…
IADT
Clermont-Ferrand
La journaliste libanaise Jocelyne Saab interviewe Yasser Arafat en 1982
Entrée libre et gratuite
05/02 > 11h00 - 12h00
Table ronde « Documenter et archiver, en temps de guerre »
LibanRencontre
Des documentaires de Jocelyne Saab tournés caméra 16 mm au poing dans les années 70 à Maabar la série de podcasts d’Anthony Tawil & Cédric Kayem, les façons de documenter les conflits qui secouent le pays évoluent mais reste au plus proche des libanais·e·s et témoignent de l’attachement indéfectible qu’ils ont pour leur pays.
IADT
Clermont-Ferrand
05/02 > 20h30
Ciné-concert de Nâr
LibanRencontre
L’artiste libanaise Nadia Daou (nom de scène Nâr) profitera de ce moment privilégié pour imaginer un ciné-concert qui aura lieu sur la scène du Dark Lab pendant le festival : profitez-en également pour découvrir l’un de ses clips programmé dans la séance Décibels !
Le Dark Lab - Le Lieu-dit
Clermont-Ferrand

Et, en bonus…

Des expos

À l’Hôtel Fontfreyde, c’est la photographe médecin biologiste et artiste transdisciplinaire libanaise Lara Tabet qui exposera ses clichés à la croisée de l’art, de l’écologie, des sciences biomédicales et de la politique, du 3 février au 29 mars.

Vernissage jeudi 6 février à 18h30
Hôtel Fontfreyde – Centre photographique
34 rue des Gras – Clermont-Ferrand
[Entrée libre et gratuite]

Des podcasts

L’installation Maabar présentera une série de podcasts qui retrace l’histoire de la guerre  du Liban (1975-1990) à travers les récits de celles et ceux qui l’ont vécue, à écouter à l’Hôtel Fontfreyde – centre photographique de Clermont-Ferrand pendant la semaine du festival.

Des invité·e·s

Des cinéastes de nombreux programmes composant l’ensemble de ce volet Panorama seront présent·e·s sur le festival, vous aurez l’occasion de les rencontrer avant les projections de leurs films et nous organiserons des rencontres avec elles et eux.
Par ailleurs, nous aurons le plaisir d’accueillir la photographe Lara Tabet et l’artiste libanaise Nâr au sein du jury labo.

Comité de sélection

Calmin Borel, Tim Redford.