Le cinéma portugais en révolution
Du 25 avril jusqu’au 1er mai 1974, une euphorie révolutionnaire s’empara du Portugal : ce fut la fin du régime dictatorial salazariste mis en place dans les années 1930. Un unanimisme premier permit une mobilisation exceptionnelle des artistes et des cinéastes qui prirent rapidement le pouvoir des institutions du cinéma. Ce fut aussi le début d’une boulimie de tournage, les caméras étaient partout, les films devaient accompagner voire catalyser l’événement.
Ano 1° – 1° de Maio (Unidade de Produção Cinematográfica N°1, 1975) fut l’un des premiers films nés de la volonté de socialisation du cin.ma, sous l’influence du parti communiste portugais (PCP) qui devait, au moins temporairement, instaurer de nouvelles modalités pour faire du cin.ma au Portugal. L’Unité de production cinématographique N°1 devait être une clé de voûte de la nouvelle architecture du cinéma dirigée par l’État.
D’un autre côté, le Grupo Zero fut l’une des coopératives de cinéastes créée durant le processus révolutionnaire. Celle-ci eut la particularité de se concentrer sur une région – l’Alentejo – et un sujet d’actualités – la Réforme agraire. De là naquirent au moins trois films : les courts métrages Assim Começa uma Cooperativa (1976) et A Luta do Povo (1976), puis le long métrage A Lei da Terra (1977).
Les deux films présentés témoignent des expériences menées durant le processus révolutionnaire en cours (PREC) à travers deux orientations et visions du cinéma assez distinctes. Ils sont des marqueurs d’une histoire politique du cinéma portugais qui permettent de poser les questions suivantes : quelle organisation et quelle méthode de production devaient accompagner le processus révolutionnaire ? Le coopérativisme cinématographique pouvait-il vivre une nouvelle étape décisive de son expérimentation dans le Portugal des années 1970 ?
La projection sera suivie d’une conférence de Mickaël Robert-Gonçalves